Pages PALESTINE

samedi 24 septembre 2011

Les Palestiniens aspirent à leur "Printemps" mais craignent des sanctions





afp.com/Stan Honda

RAMALLAH (Territoires palestiniens) - La plupart des Palestiniens veulent croire à leur "Printemps", au lendemain de leur démarche historique aux Nations unies, mais ils redoutent également un retour de flamme de la part d'Israël et des Etats-Unis.

A Ramallah, capitale politique de la Cisjordanie, on se félicitait de la détermination et la pugnacité du président Mahmoud Abbas à la tribune de l'ONU malgré les incertitudes, les pressions et les divisions internes qui entourent la reconnaissance internationale d'un Etat palestinien.

"La Palestine est ressuscitée", résumait samedi le quotidien Al-Ayyam.

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées vendredi dans les villes autonomes de Cisjordanie pour acclamer le chef palestinien qui annonçait avoir remis "la demande d'adhésion de la Palestine sur la base des lignes du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale" au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Ces rassemblements se sont déroulés sans violences, dans une ambiance de fête, les dirigeants palestiniens ayant appelé à des manifestations pacifiques, à l'intérieur des villes, et disant avoir appris les leçons de l'échec de la deuxième Intifada armée qui fit reculer leur cause sur la scène internationale.

Dans la bande de Gaza, en revanche, le discours "historique" à l'ONU n'a reçu guère d'écho dans la rue.

Le Hamas, au pouvoir dans cette enclave, désapprouve la requête de Mahmoud Abbas devant l'ONU et jugé son discours "sans substance".

Dans les rues de Gaza, pourtant, les opinions étaient plus nuancées entre la satisfaction discrète, pour nombre de Gazaouis et les partisans du Fatah, et l'indifférence pour les autres.

Dans l'avion qui le ramenait de New York à Amman, M. Abbas s'est engagé à ouvrir "un dialogue approfondi" avec le Hamas. "Certains responsables du Hamas se sont opposés à la démarche de la direction palestinienne et ont émis des réserves, mais dans l'ensemble, j'ai reçu des soutiens au sein de dirigeants" de ce mouvement, a-t-il dit à des journalistes.

De fait, Mahmoud Abbas jouit d'un vif regain de popularité depuis qu'il a tenu tête à l'administration Obama qui a tenté jusqu'à la dernière minute de le dissuader de saisir le Conseil de sécurité.

"Abou Mazen (le nom de guerre de Mahmoud Abbas) a prononcé un discours important et courageux à tous égards, en qualité de leader du mouvement de libération, de président du peuple arabe palestinien et d'homme d'Etat", soulignait Adel Abdelrahmane, l'éditorialiste du journal de l'Autorité palestinienne, Al-Hayat Al-Jadida.

"C'est l'heure du Printemps palestinien... L'heure de l'indépendance", exultait le quotidien de Jérusalem-Est, Al-Qods, au-dessus d'une photo du dirigeant palestinien brandissant la lettre officielle de demande.

Mais après la fête, les habitants de Cisjordanie rencontrés samedi, s'ils se disaient fiers du "discours historique" de leur président, appréhendaient des mesures de rétorsion israéliennes.

"Le pire scénario serait des pressions et des sanctions économiques, qu'elles viennent d'Israël ou des Etats-Unis", admettait Ghassan Zawahri, un chauffeur de taxi de 25 ans.

Selon un sondage, 78% des Palestiniens escomptent des sanctions économiques et politiques israéliennes. 64% sont persuadés que Washington fera de même.

Sur le plan politique, le Quartette pour le Proche-Orient (ONU, Etats-Unis, UE et Russie) a proposé aux Palestiniens et aux Israéliens de reprendre des négociations de paix avec l'objectif d'aboutir à un accord final fin 2012.

Le calendrier avancé "n'est pas sacré", a répondu le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Danny Ayalon.

La direction palestinienne, elle, a promis d'étudier le communiqué du Quartette à son retour à Ramallah, mais le président Abbas a réitéré ses demandes de gel de la colonisation israélienne et de discussions basées sur les frontières de juin 1967 (c'est-à dire sur un Etat englobant la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est).

Les Palestiniens aspirent à leur "Printemps" mais craignent des sanctions 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire