Symbole de la cause palestinienne, le keffieh est aujourd'hui aussi un accessoire de mode
incontournable. Les ventes mondiales explosent mais la dernière usine palestinienne peine à
faire face à la concurrence du "made in China".
Yaser Hirbawi, le fondateur de l'usine, a aujourd'hui 80 ans. Il se souvient de la période faste
de la première Intifada, durant laquelle les keffiehs palestiniens se vendaient facilement.
De 1000 à 80 pièces par jour
Les choses ont bien changé en deux décennies. La production s'est écroulée de 1000 à 80
pièces par jour. Des 70 collaborateurs d'autrefois, ils n'en reste que quatre. La plupart des
machines se sont tues.
Inaction de l'Autorité palestinienne
Ces pros du textile en veulent à l'Autorité palestinienne de ne pas les avoir davantage protégés
par des tarifs douaniers dissuasifs. Le père et le fils mettent en doute la fibre patriotique de
leurs dirigeants qui ont distribué une multitude de keffiehs lors du dernier congrée du Fatah.
Des étoffes qui ne sortent pas de la «Herbawi Textil Factory».
Un sujet réalisé en collaboration avec le journaliste Simon Pittet.
keffieh made in palestine
Keffieh "made in Palestine" PAR VIMEO.COM
Keffieh "made in Palestine" from Joseph Melin on Vimeo.
Symbole de la cause palestinienne, le keffieh est aujourd’hui aussi un accessoire de mode incontournable. Les ventes mondiales explosent mais la dernière usine palestinienne basée à Hébron en Cisjordanie peine à faire face à la concurrence du « made in China »…
Sur un vieux fauteuil tassé par les années trône un vieil homme coiffé d’un keffieh noir et blanc. Il dort. Après un demi-siècle passé dans son usine, le fracas métallique des métiers à tisser ne dérange plus la sieste de Yaser Hirbawi. Tout au contraire. Joda, son fils, s’amuse: “c’est quand elles s’arrêtent qu’il se réveille.”
“C’est en 1960 que j’ai acheté mes premier métiers à tisser japonais et ils fonctionnent toujours. Je les avais fait venir par la Syrie” relate fièrement ce natif d’ Hébron qui, à 80 ans, veille toujours sur son troupeau de machines bruyantes.
La première Intifada, une période extraordinaire
Les années suivant l’ouverture de l’usine, le nombre de machines et d’employés augmentent au rythme des affaires. C’est l’âge d’or du keffieh “made in Palestine” et rien ne peut arrêter la croissance de la “Hirbawi Textile Factory”. Pas même la première Intifada qui éclate en 1987. “À cette époque nous étions presque les seuls à occuper le marché”, explique Joda, le fils du fondateur. C’était une période extraordinaire. Tout le monde achetait nos keffiehs!”
De 1000 à 80 pièces par jour
Les choses ont bien changé en 2009. En deux décennies, la production s’est écroulée de 1000 à 80 pièces par jour. Des 70 collaborateurs d’autrefois, il n’en reste que quatre. La plupart des machines se sont tues. “C’est à cause des keffiehs chinois! Il sont beaucoup moins chers.” se fâche le vieil homme. Et son fils de préciser: “Au débuts des années 2000, lors de la seconde Intifada, les produits chinois ont commencé à envahir le marché palestinien. Mais ça fait cinq ans que nous avons vraiment senti le changement.”
À la concurrence croissante des produits asiatiques – chinois mais aussi indiens – s’ajoute un rétrécissement des débouchés. Avec le verrouillage de la Cisjordanie, les Hirbawi ne peuvent écouler leurs marchandises ni dans la bande de Gaza ni en Israël. Joda constate :”le keffieh est un bien durable et le marché palestinien est totalement saturé. Seul les touristes en achètent encore. C’est vraiment difficile.”
Inaction de l’Autorité palestinienne
Ce qui révolte le plus Yaser Hirbawi c’est l’inaction de l’Autorité Palestinienne. Le vieil homme fait tournoyer dans ses mains un trousseau de clés imposant et s’indigne :”Ils auraient du mettre davantage de barrières à l’importation pour protéger l’industrie locale. Pour nous protéger!” Joda poursuit: “les produits chinois sont seulement taxés 17% à l’importation. Ce n’est pas suffisant.” Mettant en doute la fibre patriotique des dirigeants palestiniens Joda s’interroge : “D’où proviennent tous les keffiehs distribués ces jours-ci par le Fatah à son congrés de Bethléem? En tous cas pas de chez nous!”
Interprète. Qais Arafat
Photo. Joseph Melin
Vidéo/montage/texte. Simon Pittet
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